La
peinture de Philippe SOKAZO
me frappe par la richesse de ses
effets multiples et variés sous
l'apparence d'une remarquable simplicité
du faire pictural et de l'organisation
iconique des formes.L'élégance décorative
et ornementale saisit le regard et l'émotion,
voire les piéges, dans un étonant lacis
d'évidences contradictoires et dialectiques.
La juxtaposition des formes, de couleurs
pures, géométriquement et iconiquement
simples commes des idéogrammes, révéle
la prédominance d'une profondeur absente
mais pourtant incoutournable.
Plus qu'elles ne se juxtaposent, ces formes
se superposent en couches distinctes et
entrelacées, selon une stratification qui
produit un espace profond mais compact,
ne laissant deviner nul fond assuré qui
supporteait des figures dont la situation
spatiale serait mesurable.
Les couples formels fond/figures, profondeur/planéité
couleurs/valeurs s'affirment et se dissolvent tout à
la fois dans une figuration dont l'évidente autorité
visuelle défie le sens, ruse avec les orientations
qu'elle implique, affiche des scansions et des rythmes
continus ou fragmentaires, centrifuges ou centripétes,
créant des symétries rassurantes mais qui ne satisfont
l'esprit et l'oeil, comme elles le font, que grâce aux
équilibres subtils de dissymétries obliques ou
d'assymétries spaciales qui font se mouvoir le regard
dans une structure formelle fixe paradoxalement libre
pour tous ses sens possibles.
Une peinture animée et émue par l'impondérable des
sens et des significations qui y prennent corps et s'y
défont dans la joie du regard.